Études expérimentales : définition, contrôle de l'exposition et comparabilité des groupes
Les études expérimentales , encore appelées études interventionnelles ou études d'intervention, sont des expériences visant à évaluer l'efficacité d'une intervention.
L'utilisation du terme expérience sous entend que ceux qui la conduisent maîtrisent le niveau d'exposition des individus à l'intervention évaluée. Ainsi, les études d'intervention s'opposent aux études observationnelles dans lesquelles l'investigateur n'a pas d'autre choix que de mesurer l'exposition au facteur étudié et la force de son association avec l'évènement ou la maladie étudié.
Exemple :
Si l'on s'intéresse à l'effet du tabagisme sur la cicatrisation cutanée, idéalement il faudrait imposer à un groupe d'individus de fumer et à un autre groupe de ne pas fumer et comparer la qualité de la cicatrisation entre les 2 groupes.
En réalité il est éthiquement inacceptable de conduire une telle expérience, compte tenu de l'effet néfaste connu du tabac sur la santé.
L'étude interventionnelle est donc dans ce cas précis impossible à envisager.
En revanche on peut constituer un groupe de personnes qui fument et un groupe de personnes qui ne fument pas (il s'agit de leur choix de vie et non d'une exposition imposée par un expérimentateur) et observer la qualité de la cicatrisation dans ces 2 groupes. Il s'agit d'une étude de cohorte exposés / non exposés.
La différence fondamentale entre ces 2 types d'étude réside en l'absence de contrôle de l'exposition dans l'étude observationnelle (étude de cohorte) alors que l'exposition au tabac serait maîtrisée dans l'essai d'intervention, ce qui permettrait d'assurer la comparabilité des groupes. Un des moyens de contrôler l'exposition, et de rendre les groupes comparables (c'est-à-dire en moyenne « similaires » sur les autres facteurs susceptibles d'influencer la survenue de l'évènement étudié, comme l'âge, le sexe, le niveau d'étude, etc...) est la randomisation, qui assure une répartition aléatoire des individus dans les groupes comparés.
Remarque :
Dans une étude observationnelle, on peut se limiter à décrire les fréquences d'exposition au facteur étudié et/ou la fréquence de survenue de la maladie ou de l'évènement étudié, on parlera alors d'étude descriptive.
En revanche, si l'on cherche à mesurer l'association entre l'exposition à un facteur et la survenue d'un évènement, on parlera d'étude analytique.
Par intervention, il faut comprendre toute stratégie préventive, diagnostique ou thérapeutique, au sens le plus large du terme.
Par évaluation de l'efficacité, il faut comprendre qu'une réflexion autour du choix du critère de jugement et d'un indicateur de résultat est nécessaire au préalable.
Pour réaliser une expérience typique sur les êtres humains, des groupes expérimentaux doivent être créés, chaque groupe étant exposé à une intervention différente. C'est la comparaison de ces groupes sur l'indicateur de résultat qui va permettre de mesurer l'efficacité de l'intervention d'intérêt.

Prenons comme critère de jugement la survenue d'un événement et comme indicateur de résultat la fréquence de survenue de cet événement.
Idéalement, les groupes doivent être identiques sur les facteurs externes à l'expérience, qui pourraient influencer la survenue de l'évènement étudié. Ainsi, si l'intervention n'avait pas d'effet, la fréquence de survenue de l'évènement serait identique dans les 2 groupes. La meilleure façon de s'assurer qu'ils sont identiques, en moyenne, est le tirage au sort. Il est possible de procéder à une affectation aléatoire individuelle ou collective. La nature de l'intervention guidera le choix de la méthode pour le tirage au sort. Par exemple, dans le cas d'un essai thérapeutique médicamenteux on privilégiera une technique de randomisation individuelle alors pour une intervention collective comme une séance d'éducation à la santé, on privilégiera une méthode de randomisation collective.Il existe d'autres procédures d'affectation de l'intervention.