Biais de confusion
Définition
En épidémiologie analytique ou expérimentale, la présence d'un facteur de confusion (tiers facteur) C va biaiser les mesures d'association du facteur (de risque, d'exposition) E à la maladie M (ou facteur d'intérêt). Pour qu'un tiers-facteur soit facteur de confusion, il faut :
qu'il soit associé à la maladie (indépendamment de l'exposition). (Cette association doit donc aussi être retrouvée chez les non exposés).
qu'il soit associé à l'exposition indépendamment de la maladie . (Cette association doit donc aussi être retrouvée chez les non malades).
qu'il ne soit ni une conséquence de E, ni une conséquence de M. Il ne doit pas être une étape dans la chaîne causale entre le facteur E et la maladie M.
Sa non-prise en compte peut biaiser l'estimation des mesures d'association entre l'exposition et la maladie (RR, OR).
Il existe différents moyens, pour contrôler les effets d'un facteur de confusion identifié :
1- Au moment de la planification de l'étude :
création de groupes par tirage au sort (randomisation) : permet la répartition aléatoire des facteurs de confusion potentiels dans les groupes rendus comparables du fait du tirage au sort (principe de base des études expérimentales type essai contrôlé randomisé, cependant cette méthode n'est généralement pas applicable et pas éthique en épidémiologie analytique, lorsqu'on étudie une exposition possiblement délétère pour la santé)
appariement (en choisissant un ou plusieurs témoins appariés pour chaque cas) : l'appariement sur les facteurs de confusion potentiels permet la répartition identique de ces derniers dans les deux groupes
2- Au moment de l'analyse des données :
stratification des données sur le ou les facteurs de confusion : la relation entre E et M sera étudiée pour chaque valeur de C
ajustement : utilisation de tests statistiques spécifiques (exemple : chi 2 de Mantel Haenzel, analyse multivariée par régression logistique ou Modèle de Cox par exemple).
Exemples
Exemple 1: Alcool et cancer du poumon
Une étude s'intéresse à la relation entre consommation d'alcool et cancer du poumon. Une association significative entre ces deux facteurs est retrouvée, mais l'alcool est-il vraiment responsable de la survenue de cancer du poumon ?

A priori, les personnes consommant beaucoup d'alcool, fument également beaucoup. La relation trouvée entre la consommation d'alcool et la survenue d'un cancer du poumon serait en fait expliquée par la consommation tabagique, qui jouerait ici le rôle de facteur de confusion de la relation apparente alcool-cancer.
Le tabac est en effet lié à la survenue d'un cancer du poumon, même chez les non consommateurs d'alcool.
Il est aussi associé à la consommation d'alcool, même chez les sujets non atteints d'un cancer du poumon.
Et il n'est pas un intermédiaire dans la relation entre la consommation d'alcool et la survenue d'un cancer du poumon.

Exemple 2 : Fan de foot et infarctus du myocarde
Une étude retrouve une plus grande survenue d'infarctus du myocarde chez les fans de foot que chez les non fans de foot.
Le fait de regarder les matchs à la télévision serait-il un facteur de risque de la survenue d'infarctus du myocarde ?

Avant de conclure et d'interdire la diffusion des matchs de football à la télévision, il faudrait prendre en considération les habitudes alimentaires (consommation d'alcool et de nourriture non diététique). Les habitudes alimentaires pourraient en effet jouer le rôle de facteur de confusion dans la relation entre le fait de regarder les matchs de foot et la survenue d'infarctus du myocarde. Les mauvaises habitudes alimentaires sont liées à la survenue d'infarctus du myocarde, et le fait de regarder les matchs de foot est (souvent) lié à de mauvaises habitudes alimentaires. Et les mauvaises habitudes alimentaires ne sont pas un facteur intermédiaire de la relation entre le fait de regarder un match de foot et la survenue d'infarctus du myocarde.

Exemple 3 : Infarctus du myocarde et alimentation
Une étude s'est intéressé à la survenue d'infarctus du myocarde chez les consommateurs quotidiens de fast food et chez ceux ne consommant que des légumes vapeurs. Différents facteurs sont analysés, dont le cholestérol.
Même si une association est retrouvée entre consommation de fast food et survenue d'infarctus, le cholestérol ne pourrait jouer ici le rôle de facteur de confusion.
Il est bien associé à la survenue d'infarctus (même chez les non consommateurs de fast food), il est associé à la consommation de fast food (même chez les sujets n'ayant pas eu d'infarctus), mais il est un élément intermédiaire dans la chaîne causale, entre la consommation de fast food et la survenue d'un infarctus.
