Processus de faire-face (coping), stratégies d'adaptation
Le concept de coping fait référence à la façon de s'ajuster aux situations stressantes et la mise en place d'une réponse pour y faire face. Les stratégies d'ajustement ou coping désignent l'ensemble des processus qu'une personne interpose entre elle et la situation perçue comme menaçante, afin de maîtriser, tolérer ou diminuer l'impact de celle-ci sur son bien-être physique et psychologique (Lazarus et coll., 1984). Littéralement, le terme « coping » devrait être traduit par l'expression « faire face ». Néanmoins, des auteurs ont proposé d'autres traductions telles que stratégie d'ajustement ou stratégie d'adaptation pour parler d'une stratégie de coping mise en place par une personne face à un événement stressant. Bien que ces deux dernières expressions ne soient pas entièrement satisfaisante1[1]s , on les retrouve indifféremment utilisées dans la littérature française en même temps que les termes de coping ou de stratégies de coping.
La transaction stressante est complexe et bien qu'elle soit décrite selon une séquence linéaire, elle est une succession d'évaluations et de réévaluations au cours du temps. Si une stratégie de coping mise en place se révèle moins performante que prévu, il est possible que l'individu réévalue la menace ou bien s'interroge sur une réponse de coping plus appropriée. Ainsi, aucune stratégie de coping ne serait efficace en soi, indépendamment des caractéristiques de la personne et du problème à résoudre.
Dans le but d'étudier le processus de coping, plusieurs auteurs ont développé des instruments de mesure (cf. Parker et Endler, 1992, pour une revue de la littérature à ce sujet). Une des échelles de coping la plus utilisée est l'instrument appelé Ways of Coping Checklist (WCC, Folkman et Lazarus, 1980, révisé en 1985). Cet instrument se base sur une distinction entre deux types généraux de coping : le coping centré sur le problème, qui a pour but de résoudre le problème ou d'altérer la source de stress, et le coping centré sur l'émotion, dont le but est de réduire ou de gérer la détresse émotionnelle associée à la situation. Ces deux types de stratégies de coping ont été identifiés par de nombreux auteurs. Cependant, si cette distinction entre ces deux types de coping est reconnue, elle semble trop restrictive. Ainsi, certaines réponses de coping centré sur l'émotion impliqueraient le déni, d'autres la réinterprétation positive, d'autres encore correspondraient à la recherche de soutien social émotionnel. Il en est de même pour le coping centré sur le problème. Perçu au premier regard comme un processus unique, ce dernier pourrait impliquer plusieurs activités distinctes telles que la planification, l'action immédiate ou directe, la recherche d'assistance et parfois même la nécessité d'attendre avant d'agir. Pour étudier ces activités, il est nécessaire de pouvoir les mesurer séparément. En s'appuyant sur les bases théoriques du modèle du stress cognitif de Lazarus (1984), ainsi que sur son modèle d'autorégulation du comportement (Carver et Scheier, 1998) et après plusieurs années d'études empiriques sur un premier inventaire, Carver crée un inventaire bref d'évaluation des stratégies de coping : le Brief COPE (1997), cette version abrégée a été validée en français (Brief COPE, Muller et Spitz, 2003). Afin de permettre au lecteur d'appréhender un large éventail de stratégies de coping, nous nous proposons de présenter dans un contexte d'ajustement à la maladie, les quatorze stratégies de coping répertoriées par Carver.
Le coping actif est le processus par lequel l'individu essaie de supprimer la situation stressante ou de minimiser ses effets (par exemple : le patient fait en sorte que si un traitement thérapeutique est nécessaire, il soit cependant le moins pénible possible). Ce qui est appelé coping actif chez Carver et coll. (1989) est très proche du terme de coping centré sur le problème de Lazarus et coll. (1984).
La planification est le fait de réfléchir à l'organisation d'un plan, aux étapes à suivre et à la meilleure manière de s'y prendre avec le problème (par exemple : le patient planifie son emploi du temps avec des moments d'activités, des moments pour les traitements et des moments de repos).
La recherche du soutien social pour des raisons instrumentales correspond à la recherche de conseil, d'assistance ou d'informations (par exemple : le patient recherche des informations sur la maladie et le traitement préconisé). C'est une stratégie centrée sur le problème.
La recherche du soutien social pour des raisons émotionnelles se rapporte à la recherche de soutien moral, de sympathie ou encore de compréhension. C'est une stratégie centrée sur l'émotion. Ces deux types de soutien social ont été différenciés car ils sont distincts conceptuellement ; en pratique, cependant, ils agissent souvent de pair.
L'expression des sentiments, lorsque la personne a tendance à se centrer sur sa détresse émotionnelle et à exprimer ses sentiments, cette stratégie peut parfois être adaptée ; par exemple si la personne l'utilise au moment de l'annonce du diagnostic afin d'exprimer ses appréhensions sur ses perspectives d'avenir. Cependant le fait de se centrer sur ses sentiments, sur ses émotions (et en particulier pendant une longue période) peut entraver l'ajustement, éloignant la personne d'un effort de coping actif et d'une avancée au-delà de la détresse.
Le désengagement comportemental qui correspond à la réduction des efforts du patient pour faire face à la maladie, à l'abandon de toute tentative d'atteindre les buts de vie sur lesquels interfèrent la maladie et le traitement.
La distraction qui repose sur la mise en place d'activités diverses visant à distraire la personne des pensées liées à sa maladie.
Le blâme ou les reproches que peut se faire une personne concernant sa maladie sont souvent associés à un sentiment de culpabilité et à un moindre ajustement.
La réinterprétation positive a pour but de gérer la détresse émotionnelle (coping centré sur l'émotion) plutôt que de combattre le stresseur. Réinterpréter une situation déplaisante, de soins par exemple, en des termes positifs devrait intrinsèquement permettre à la personne de continuer son combat contre la maladie.
L'humour peut être une façon de ne pas prendre au sérieux la situation, de s'en amuser, comme une mise à distance de la maladie.
Le déni est envisagé comme le refus de croire que le stresseur existe, comme la tentative d'agir en pensant par exemple que la maladie n'est pas réelle.
L'acceptation : c'est une réponse de coping fonctionnelle, dans le sens où une personne qui accepte la réalité de la situation est plus à même de s'engager dans le combat contre la maladie.
La religion comme une réponse de coping.
Les stratégies de coping sont des processus tout à fait intéressants à évaluer dans le contexte de la santé publique.